Article posté par Chtismis.
Paru le vendredi 4 janvier 2013 à 14:10
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L'interdiction des phtalates, un vieux débat
L'interdiction des phtalates, un vieux débat
Mots clés : phtalates, réglementation
Les experts pointent du doigt les effets nocifs des phtalates depuis très longtemps mais à ce jour, aucune loi française n'en régule l'usage.
En 2007, l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation (Anses) établit une liste de 50 substances chimiques et toxiques pour l'homme. Les phtalates arrivent dans le top trois de ce classement. «Le problème des phtalates est historique, cela fait au moins 25 ans qu'on sait qu'ils ont des conséquences sur la santé mais aucune réglementation particulière n'a été établie», explique au Figaro le Pr Jean-François Narbonne à l'université de Bordeaux et expert en toxicologie à l'Anses.
À ce jour, seule l'utilisation de certains phtalates dans les articles de puériculture ou les jouets destinés aux enfants de moins de 3 ans a été interdite dans l'Union Européenne et donc en France. En mai 2011, l'Assemblée nationale avait adoptée une proposition de loi allant plus loin car elle interdit la fabrication, l'importation, la vente ou l'offre de produits contenant des phtalates, des parabènes ou des al-kylphénols. En attente d'être examinée par le Sénat, «cette loi est inapplicable, peste le Pr Narbonne. Comment voulez-vous qu'on interdise tous les produits en plastique? Il faudrait d'abord trouver des substituts ayant les mêmes propriétés de résistance et de flexibilité et tester leur innocuité».
Le rapporteur du texte législatif devant l'Assemblée nationale, le député Yvan Lachaud (Nouveau Centre), se défend. «J'espérais que le débat des élus permettent d'affiner le texte, en limitant par exemple l'interdiction à certains produits pour lesquels il existe des substituts. Mais l'opposition du gouvernement et de la Commission des Affaires sociales a conduit au vote du texte brut par les députés. Contre toute attente, il est passé tel quel», explique-t-il au Figaro. Il cherche toujours «un sénateur assez courageux» pour porter le texte devant la Chambre haute.
Normes insuffisantes
Autre difficulté, l'absence de norme d'imprégnation officielle. En France, depuis 2006, l'Inserm mesure les taux ingérés par l'organisme grâce à des prélèvements urinaires. «Environ 10% des Français sont vraiment exposés et au-dessus de la norme tolérée, mais c'est une norme que j'ai fixée moi-même en fonction de mes recherches et des résultats que j'ai obtenus», précise le Pr Narbonne. Plus compliqué encore, évaluerl'inhalation de phtalates issues des sources domestiques. «C'est difficile de mesurer quelles quantités de ces produits sont respirées par les gens dans leur maison au quotidien», déplore l'expert.